"C'est compliqué"
Je pense que c’est la phrase que je prononce le plus, ces derniers temps.
En théorie, j’ai déjà beaucoup pour être heureuse. Mon bébé, mon conjoint, mon chien, mes chats, mon père, un toit sur la tête, une activité pro que j’aime, et même des ami·es à qui je peux parler régulièrement. Pourtant, ça ne va pas.
Je me sens malheureuse. Je me sens à l’étroit. De fait, nous sommes à l’étroit là où l’on vit. J’aurais besoin d’un espace pour travailler sereinement, mais je n’en ai pas, et le bazar que je mets à cause de mes pelotes rangées dans des boîtes pas toujours facilement accessibles me pèse.
Aussi, l’arrivée de bébé n’ayant pas été prévue, il n’y avait aucune chambre pour lui. Au final, pour qu’il ait son espace, nous lui avons donné notre chambre, et nous, nous dormons dans ce qui constitue le hall d’entrée de la maison. On a la chance d’habiter chez mes parents (si l’on met de côté les désagréments familiaux que certain·es connaissent, évidemment) et donc d’avoir un loyer réduit, mais les inconvénients me sont difficiles en ce moment.
Mon bébé a fait 8 mois il y a peu. Ce mois a sonné le début d’une phase d’angoisse d’abandon particulièrement intense pour lui. Mon poussin est collé à moi comme une moule à son rocher depuis de longues semaines. Je crois que ça aussi, ça m’atteint. Et en écrivant, j’ai fais un lapsus écrit et j’ai failli écrire “ça m’éteint”. Je crois que c’est un peu vrai. Je ne suis plus moi-même en ce moment, je suis sa maman. Je ne suis quasiment QUE sa maman. J’ai énormément de mal à trouver du temps pour crocheter alors que cette activité est ma bouée de sauvetage. C’est une des rares activités dans lesquelles j’arrive à être fière de moi. Quoique j’écrive, quoique je fasse, j’ai toujours des doutes sur la qualité de ce que je produis. Mais le crochet ? J’ai sous les yeux ce que j’ai fait. Je vois que mes mailles sont régulières, je vois que c’est solide, je vois que ce que j’ai fais a un potentiel. Je me sens fière d’avoir fait quelque chose de mes mains, moi qui aie tendance à ne pas m’estimer assez bonne dans quoique ce soit. Ca, je sais le faire, et je sais que je le fais bien. Ca sera peut-être pris comme de la vantardise, mais ça n’est pas l’idée. C’est simplement que la seule confiance que j’ai en moi, c’est de savoir que je sais faire du crochet, que je sais produire des objets qui seront jolis ou utiles à quelqu’un. Et en ce moment, j’ai rarement cette satisfaction, parce que je suis sa maman. Et je dois répondre à son besoin d’être avec sa maman, jour et nuit.
Et à côté de tout ça, on ajoute l’aspect humain de ma pathologie psy. En l’occurrence, certain·es le savent déjà, mais je suis une ex victime de violences conjugales. Par-dessus ça, je suis bipolaire. J’ai un traitement médicamenteux pour tout ça, mais ça a évidemment un grand impact sur ma vie, et notamment ma vie affective avec tout ce que ce mot englobe.
Dernièrement, je me suis sentie extrêmement frustrée car je n’arrivais pas à comprendre facilement et vite des choses qu’on me disait. Cela semblait évident pour les personnes qui m’en parlaient, mais pour moi, c’était opaque. Alors toute ma confiance en moi par rapport à des réussites récentes est tombée comme un château de carte. Je me suis sentie bête, idiote, stupide, pas assez rapide, pas assez bonne, trop nulle, et une mauvaise personne. Une personne embarrassante. Une personne détestable. Tout comme je me sentais quand mon ex violent m’humiliait. Ce fut un énorme retour en arrière. Et depuis, je peine à remonter, car cette situation a fait écho à énormément d’autres.
Entre ce flashback difficile et mes problèmes personnels familiaux, je crois que je suis en train de retomber dans ma dépression. Lentement, mais sûrement. Et voici le cercle vicieux : je me sens mal et je suis fatiguée, donc je comprends mal ce qu’on me dit, donc je réponds à côté, donc j’agace tout le monde, donc je me sens nulle, donc je me sens mal…
Je n’ai pas de conclusion à cet article. Je ne sais même pas s’il restera en ligne. On verra. Mais pour le moment, j’avais besoin d’extérioriser et d’expliquer pourquoi, en ce moment, je suis peu présente. J’ai tendance à me planquer pour souffrir, car c’est désagréable pour tout le monde. Et je ne veux pas être un poids. Je suis déjà mon propre poids, au propre comme au figuré, donc je ne veux pas être de trop pour les personnes autour de moi. Et je me sens de trop.
J’espère en tout cas que vous, qui me lisez, allez bien. Ce serait déjà une super source de joie que de savoir que vous, vous êtes bien dans vos vies. Et de mon côté, je vais essayer de remonter. Je ne sais pas encore comment, mais je vais essayer. Il le faut.
Tes ressentis sont légitimes.
C’est une très dure période pour beaucoup de personnes, ne minimise pas ta souffrance. Oui, tu es sans doute en train de tomber dans la dépression, je pense aussi qu’il y a un burnout pas loin, pour un ensemble de choses.
Quoi qu’il en soit, moi, Julie, Coline et d’autres ne te jugeront jamais parce que tu vas mal.
Tu sais où me trouver :3.
Merci beaucoup 💜